- Lao_Zi est un nom chinois ; le nom de famille, Lao, précède donc le prénom.
Lao-tseu (transcription EFEO) ou
Lǎo Zi (
pinyin)
老子 (« vieil enfant » ou « maître Lao ») est un
philosophe chinois qui aurait vécu au . Il est occasionnellement appelé Laojun, « Monsieur Lao » .
Le Livre de la Voie et de la Vertu ou Dao De Jing qu'on lui attribue a initié (a posteriori) le Taoïsme et est considéré par d'autres courants également comme un texte philosophique important. Sur sa vie, on ne sait que peu de chose. Certains historiens estiment même qu'il n'a jamais existé.
Il est considéré par le Taoïsme religieux comme un dieu et l'ancêtre de toutes les écoles.
Mythe ou personnage réel ?
Sources
Les premières mentions de Lao Zi se trouvent dans le
Zhuangzi (dix-huit passages) où il apparait le plus souvent sous le nom de Lao Dan (
老聃). Il existe une occurrence isolée de Lao Laizi (
老萊子). Un passage le décrit comme archiviste du roi des
Zhou. On le voit le plus souvent critiquer les efforts de
Confucius pour appliquer les vertus confucéennes, selon lui inefficaces et contre nature. Lao Zi l’appelle par son prénom, Qiu (
丘), comme le ferait un aîné, mais il se pourrait que ce soit une initiative des auteurs pour mettre en évidence la supériorité de Lao Zi.
Un passage du Livre des rites, classique confucéen, mentionne que Confucius interrogea un jour Lao Dan sur les rites de deuil.
Le Hanfeizi et le Huainanzi sont les premiers à lui attribuer le Dao De Jing.
Au IIe siècle av. J.-C. Sima Qian rédige sa biographie : selon lui, il se nommait Li Er (李耳), Prénom social Boyang (伯陽), encore appelé Dan. Il était né au pays de Chu dans le comté de Ku (苦). Il était archiviste des Zhou. Il pratiquait « le Dao et la Vertu » et se tenait caché. Il aurait rencontré Confucius à Luoyang alors que ce dernier venait consulter la bibliothèque. Ils auraient eu une série de discussions au cours desquelles Lao Zi aurait exposé à Confucius l’inutilité de ses pratiques. À l'âge mûr, lassé des hommes, il aurait quitté son pays par l'Ouest, chevauchant un buffle, et aurait dicté au gardien de la passe Yin Xi (尹喜) qui l'en priait les cinq mille caractères (environ) du fameux Livre de la Voie et de la Vertu qui est avec le Livre des Mutations aux sources de l'ésotérisme chinois. Une théorie affirme qu'il n'aurait écrit que les dix premiers articles du Livre de la Voie et de la Vertu et que les autres auraient été ajoutés plus tard. Cette hypothèse est liée aux doutes concernant l’identité de Lao Laizi, l’un des noms sous lesquels est mentionné le critique du confucianisme du Zhuangzi. On trouve effectivement dans des textes datant d’avant l’empire, comme le Zhanguoce (战国策), mention d’un Lao Laizi de Chu, vivant à l’époque des Printemps et des Automnes, né sous le roi Kang (康王) (559-545 av. J.-C.) et mort sous le roi Hui (惠王) (488-432 av. J.-C.), pratiquant du Dao qui aurait vécu 160 ou 200 ans. Il se serait retiré dans les montagnes vers 479 av. J.-C. pour y vivre en ermite avec sa femme, refusant le poste offert par le roi. Il serait l’auteur d’un Laolaizi en 15 ou 16 articles, perdu dès la fin des Han. Le folklore de la région de Jingmen au Hubei a conservé son souvenir ; il est devenu au XIVe siècle le héros d’une des Vingt-quatre histoires de piété filiale (二十四孝) de Guo Jujing (郭居敬).
Débat
Rien ne permet donc de clore le débat. Le Lao Dan du
Zhuangzi est-il inspiré par un personnage réel ? Pourrait-il être le Lao Laizi du Hubei ? Même s’il s’agit d’un personnage historique, est-il vraiment l’auteur du
Dao De Jing ? D’où l’historien Sima Qian tire-t-il le nom de Li Er et le lieu d’origine mentionné dans sa biographie ? Autant de questions toujours sans réponse. Il existe d’ailleurs deux candidats possible pour le comté de Ku : l’actuel comté de Luyi dans le
Henan et la ville de Guoyang dans l’
Anhui. Le sens du nom
Lao lui-même est débattu : l’interprétation littérale de « vieux » ou « ancien », évoquant la sagesse, est tentante ; certains prennent le suffixe
zi au sens littéral d’« enfant » et en font « le vieil enfant », appellation mystique ou symbolique. Néanmoins, d’autres font remarquer que le nom de famille
Lao est attesté à l’époque des Royaumes combattants. Différentes identifications historiques ont été proposées par les érudits chinois. Certains, faisant remarquer que
Mencius, grand continuateur de Confucius avec
Xun Zi, ne mentionne pas Lao Zi dans ses diatribes contre les excès des mohistes et des taoïstes, en déduisent que Lao Zi n'est sans doute pas un personnage historique, mais peut-être tout simplement le fruit de l'imagination de
Zhuang Zi et d'autres penseurs du même courant comme
Lie Zi, auteur du
Vrai classique du vide parfait. L'un d'eux aurait eu l'idée géniale de signer son livre du nom du sage reclus auprès duquel Confucius, le premier maître de la Chine selon Feng Youlan, serait allé demander conseil et en aurait, nous dit la légende, perdu trois jours durant l'usage de la parole.
Lao Zi dans le taoïsme
Lao Zi et le souverain civilisateur mythique
Huangdi sont les personnages centraux du courant
Huanglao, dont l'appellation provient de la combinaison de leurs deux noms. Ce courant, très répandu de la fin des
Royaumes combattants aux début des
Han, serait à l’origine philosophique et politique puis aurait pris un tour plus religieux quand il fut évincé par le confucianisme. On trouve des témoignages de la divinisation de Lao Zi dès les Han orientaux : l’empereur Huandi (r. 146-168), par exemple, lui rend un culte. Sous son règne en
153, Wang Fu , préfet de la région de
Changsha, fait dresser une stèle dédiée à Lao Zi sur laquelle celui-ci est identifié au Dao originel du commencement des choses. À la même époque, le lettré Bian Shao déclare que Lao Zi est un
immortel et le maître des sages. Il est l’un des quatre grands dieux de la secte des cinq boisseaux de riz qui exige de ses adeptes la récitaton régulière du
Dao De Jing et deviendra sous les noms de
Vénérable céleste du Dao et de la Vertu ou
Pur du faîte suprême l’un des
Trois Purs, divinités principales des grandes écoles taoïstes modernes. Dans ce rôle, il apparait sous des formes diverses au fil des siècles pour guider les fidèles. C'est ainsi que le
Taoïsme religieux, confronté au
IIIe siècle à l'arrivée du
Bouddhisme en Chine, a tenté un rapprochement audacieux entre ce personnage parti en pays barbare et le
Bouddha qui serait son incarnation ou son élève. Un membre de l’École des
Maitres célestes exposa cette opinion dans
La conversion des Barbares par Lao Zi , ouvrage qui sera régulièrement repris et enrichi jusqu'au XIV
e siècle où les prétentions de voir Lao Zi dans le Bouddha seront définitivement rejetées.
Dans les temples son effigie est à la droite du trio des Trois Purs ; il a la barbe et les cheveux blancs et tient en main un éventail.
Les empereurs de la Dynastie Tang, dont le nom de clan était Li, accèptèrent volontiers de se considérer comme ses descendants lorsqu’ils firent du taoïsme leur religion officielle et de l'honorer comme Shengzu « Saint ancêtre ». L’empereur Gaozong (r. 649-683) lui accorda le titre de « Suprême empereur céleste du mystère originel » .
Lao-Tseu : précurseur de l'anarchisme ?
Lao-Tseu est considéré par beaucoup comme un précurseur de l'
Anarchisme, en effet, certaines citations (voir plus bas) correspondent à une certaine idée de l'anarchisme. Néanmoins cette question reste sujette à débat en raison des nombreuses interprétations des écrits de Lao-Tseu, certains y voyant au contraire des conseils de gouvernement par le
non-agir, une opinion reprise par le courant
Huanglao dont se seraient inspiré les empereurs
Wendi et
Jingdi des Han. Pour Graham, spécialiste du
Zhuangzi, c'est dans cet ouvrage que l'on trouve trace des premiers anarchistes chinois, dont certains s'appuient il est vrai sur le
Laozi.
Aspects légendaires
Sa divinisation a accentué son aspect hors du commun : sa mère l'aurait porté pendant huit ou quatre-vingts ans.
Ge Hong le décrit ainsi : peau jaune clair, oreilles longues, grands yeux, dents écartées, bouche carrée aux lèvres épaisses, quinze rides sur un front large qui porte aux coins la forme de la lune et du soleil. Il a deux arêtes de nez et trois orifices à chaque oreille, et les dix lignes des êtres d’élite marquent ses paumes.
Lorsqu’il naquit, une comète apparut dans le ciel et neuf dragons sortirent de terre pour le baigner. C’est ce dernier détail, joint au fait que selon Bian Shao, son lieu de naissance se situait au confluent des rivières Guo et Gu et sur la rive yáng de la Guo, qui a encouragé la ville de Guoyang à postuler la place de lieu de naissance du sage. Il y existe en effet un site appelé « Puits des neuf dragons » qui daterait des Printemps et des Automnes.
Les caractères qui composent son nom, Lao {vieux), Li (prune) et Er (oreille) ont inspiré l'imagination. Certains estiment que le surnom de « vieux » lui vient du fait qu’il est né avec des cheveux blancs, d’autres préfèrent imaginer que sa mère l’a eu sur le tard. « Prune » viendrait du fait que sa mère l’aurait conçu en apercevant une comète ou un dragon volant alors qu’elle était assise sous un prunier, ou bien en consommant un fruit magique. Quant à « oreille », il est en général expliqué par leur taille particulèrement développée, surtout les lobes, caractéristique souvent prêtée aux sages.
Citations
- L'homme de bien n'exige pas de l'autre qu'il soit parfait, il l'aide à acomplir ce qu'il a en lui de meilleur.
- Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous, ensemble.
- Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de l'eau, et bientôt tu verras passer son cadavre dans la rivière. Mais s'il est encore en vie, sors-le de l'eau et aide-le !
- Les hommes sont différents dans la vie, semblables dans la mort.
- Savoir se contenter de ce que l'on a, c'est être riche.
- L'échec est le fondement de la réussite.
- Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres.
- L'homme qui sait ne parle pas. L'homme qui parle ne sait pas.
- Plus il y a de lois plus il y a de voleurs.
- Si tu abolis l'amour du gain, les voleurs et les bandits disparaîtront.
- Lorsque le saint homme gouverne, il vide son coeur, il remplit son ventre (son intérieur), il affaiblit sa volonté, et il fortifie ses os.. (voir traduction: http://taoteking.free.fr/interieur.php3?chapitre=3)
- Le combat n'a rien à voir avec la querelle
- Donne un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour. Apprends lui à pêcher, il se nourrira toute sa vie.
- Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage.
- Celui qui connait les autres est perspicace ; celui qui se connait lui-même est intelligent.
- L'argent est le nerf de la guerre,et l'O2 est le nerf de la vie.
- L'argent ne fait pas le bonheur.
- Tu connais l'utilité de l'utile, mais connais-tu l'utilité de l'inutile?
- Quand les gros sont maigres, il y a longtemps que les maigres sont morts.
Notes
..
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Tsai Chih Chung, Lao Tseu, BDLys, 2000 (ISBN 2914395183).
- Max Kaltenmark, Lao Tseu et le taoïsme, collection micrcosme "Maîtres spirituels", Seuil Paris, 1986 (ISBN 2 02 000289-2)
Liens externes
| Philosophie chinoise |
| Figures : Confucius, Dong Zhongshu, Guo Xiang, Han Fei, Han Yu, He Yan, Lao Zi, Li Ao, Lie Zi, Mencius, Mo Zi, Shang Yang, Shen Dao, Sun Zi, Wang Bi, Wang Fuzhi, Wang Yangming, Xiong Shili, Xun Zi, Yang Xiong, Zhu Xi, Zhuang Zi, Zi Si, Zou Yan. |
| Courants : Confucianisme, Huanglao, Légisme, Mohisme, Néoconfucianisme, Néotaoïsme, Taoïsme. |
| Textes : classiques chinois. |
Catégorie :Spiritualité